Le film danois « The Pact » termine son tournage en Belgique

David Ragonig (SCOPE Pictures) lève un coin du voile sur ce nouveau projet produit en pleine crise du coronavirus.

Comment un film danois est-il amené à venir tourner des scènes en Belgique ?

David Ragonig : « Tout d’abord, ce sont des considérations budgétaires qui ont amené les producteurs danois (les sociétés SF Studios et MOTOR basées à Copenhague) à s’intéresser à notre pays. Pour pouvoir bénéficier du Tax Shelter, il faut en contrepartie venir faire des dépenses en Belgique. L’histoire racontée dans « The Pact » se déroule au Danemark et en Allemagne… La production danoise s’est fait la réflexion qu’ils pourraient assez facilement échanger l’Allemagne et la Belgique pour certaines scènes du film… »

 

Karen Blixen, femme de lettres danoise connue pour son roman « La Ferme africaine » porté à l’écran sous le titre « Out of Africa », est au cœur du récit du film « The Pact » dont le tournage vient de s’achever en Belgique, à Anvers et dans la région des 3 Vallées (Mariembourg).

Dernière modification le : 21.11.2020

Quelles dépenses ont pu être prises en charge par le Tax Shelter ?

David Ragonig : « Dès le moment où on tourne en Belgique, il y a des techniciens à engager, du matériel qu’il faut louer sur place et puis de la main d’œuvre ! Il y avait également la location de certains décors qui sont introuvables au Danemark et qui justifient donc pleinement de venir tourner en Belgique. »

Dernière modification le : 21.11.2020

Quelles sont les scènes principales du film The Pact qui ont été tournées chez nous ?

David Ragonig : « Le tournage belge est axé sur trois décors principaux. Le premier, c’est une université allemande après la guerre. Pour celui-ci, on a tourné à l’Institut Sint-Ursula près de Malines, où on a pu filmer les extérieurs des bâtiments de l’université, mais aussi un hôtel allemand et un restaurant. En effet, dans cette école on trouve une magnifique serre classée de style Art Nouveau, qui s’appelle « wintertuin » en néerlandais. L’école est adossée à un ancien cloître ; il y a encore des sœurs qui vivent là, ce qui fait que le lieu était très intéressant parce qu’on a pu l’utiliser pour plusieurs décors du film.

Ensuite, nous avons choisi une bibliothèque à Anvers absolument magnifique et dans un état de conservation incroyable : la « Erfgoedbibliotheek Hendrik Conscience ». Les Danois ont été immédiatement subjugués lors des repérages par cet endroit à l’atmosphère magique. Nous avons aussi profité de notre présence à Anvers pour filmer des scènes extérieures. Celles-ci doivent normalement se passer à Bonn en Allemagne dans le récit mais nous avons trouvé une petite ruelle historique d’Anvers à proximité de la bibliothèque.

Enfin, nous avions besoin d’un train d’époque pour représenter le voyage d'un des personnages principaux vers l’Allemagne. En Belgique, nous avons des locomotives anciennes en circulation dans la région des 3 Vallées, près de Mariembourg. Nous en avons également profité pour trouver des paysages « allemands » ; il fallait trouver un peu de relief et de la roche, pour marquer la rupture avec le Danemark où ce genre de décor n’existe tout simplement pas. Economie de déplacement oblige, nous l’avons trouvé à proximité de notre locomotive, sur un site qui s’appelle le Fondry des Chiens à Nismes : une grande fosse naturelle, rocheuse, magnifique. C’étaient les trois lieux principaux de ce tournage. »  

Dernière modification le : 21.11.2020

Une petite anecdote à nous raconter ?

David Ragonig : « En somme, tout s’est très bien passé. Bille August, le réalisateur, a une précision que je n’avais jamais connue auparavant. Tout est minuté, précis, les temps de tournage ont tous été respectés, nous finissions même souvent en avance !

La petite anecdote : lors de nos repérages pour la ruelle de Bonn en extérieur, c’était le mois de février. Une petite rue pavée très ancienne au cœur de l’hiver… Mais quand on est venu pour tourner, c’était l’été… La ruelle était fleurie et très verte, ce qui ne correspondait plus à l’idée que le réalisateur s’était fait du lieu. Comment fait-on dans ce cas ? On s’adapte ! Le réalisateur a réécrit le texte avec ce nouveau paramètre, et donc un cadre beaucoup plus romantique. Il a ajouté des séquences de restaurant qui n’étaient pas prévues, qu’il a écrites deux jours avant de tourner, parce que l’ambiance du lieu était devenue tellement différente de celle du premier repérage. Du coup, dans cette ruelle, nous avons également utilisé le restaurant comme décor, alors qu’au début nous l’avions juste loué pour y situer le QG de production, de maquillage et de costumes ! C’est donc devenu un décor du film grâce à la végétation qui avait changé l’ambiance du lieu entre deux saisons. »

Dernière modification le : 21.11.2020

Quel est ton rôle avant, pendant et après le tournage ?

David Ragonig : « Mon rôle, c’est d’accueillir l’équipe et de veiller à ce qu’on puisse tourner en Belgique selon les souhaits du réalisateur. Ça démarre avec les repérages de lieux pour montrer à la production quels sont les décors possibles. Ensuite, il faut chiffrer cela dans un devis de production. Enfin il faut trouver les prestataires belges qui vont travailler avec l’équipe danoise, ainsi que gérer les jours de tournage de toute l’équipe et s’assurer que tout se déroule bien.

Etant responsable de la production belge, je suis également responsable légal. Donc si un souci arrive, c’est à moi d’intervenir. Je dois évidemment tout mettre en œuvre pour qu’il n’y ait pas de problèmes… Après le tournage, il faut rassembler les factures, faire les comptes et comparer le devis et le coût réel. Je fais donc le lien entre le terrain et la production étrangère. » 

Dernière modification le : 21.11.2020

Quelles difficultés supplémentaires avez-vous rencontrées en lien avec le Coronavirus ?

David Ragonig : « A la base, il était prévu de tourner durant la période où a eu lieu le confinement. Nous avons donc dû reporter et replanifier. Les Danois ont recommencé leurs tournages au mois de juin quand nous étions encore un peu restreints au niveau des autorisations de tournage ; nous avons donc dû trouver une date qui correspondait autant à la disponibilité des lieux où nous voulions tourner qu’aux possibilités des Danois. Nous avons également dû prendre en compte les contraintes de quarantaines et de tests, ainsi que les voyages entre le Danemark et la Belgique, ce qui a été un grand point de tension pour tous les acteurs du tournage. A ce propos, nous avons eu un peu de chance. En effet, le jour de l’arrivée de l’équipe danoise en Belgique, le Danemark changeait son protocole... Les personnes de retour de Belgique devaient dorénavant se soumettre à une « quatorzaine » et aux tests. Heureusement, ceci n’a pas dû être appliqué à l’équipe de tournage car elle était arrivée en Belgique juste avant le changement de protocole. Au final, nous nous en sommes très bien tirés mais le Coronavirus a été au cœur de nos préoccupations durant tout le tournage. »

Dernière modification le : 21.11.2020

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