Jeux vidéo : comprendre les enjeux de l’ouverture au Tax Shelter

Comment et où produit-on un jeu vidéo ? Et le Tax Shelter dans tout ça?

Comment construire un jeu vidéo ?

Depuis presqu’une vingtaine d’années, les jeux vidéo sont devenus une partie intégrante du quotidien d’un grand nombre de personnes. Dans le monde occidental, il n’est pas aisé de trouver une personne de moins de trente ans qui n’ai jamais touché à un jeu vidéo de sa vie. À partir de leur entrée sur le marché dans les années 70, sous forme de console ou de jeu d’arcade, ils n’ont cessé d’être développés, améliorés, diversifiés. Avec le développement des ordinateurs et consoles personnelles, les jeux vidéo ont suivi la tendance. Un jeu produit aujourd’hui n’a que très peu de choses en commun avec un jeu de la fin du vingtième siècle. Ce qui est intéressant aussi, c’est que la part du marché n’a pas cessé de croître ! S’ils ne généraient à leur début que des revenus marginaux, ils entrent aujourd’hui en compétition avec la puissante machine du cinéma. Mais pour un produit tant apprécié, il reste encore très méconnu. Comment et où produit-on un jeu vidéo ? Combien de personnes y travaillent-elles ? Et à combien s’élève le coût de production ? 

Pour en avoir le cœur net, il faut avant tout comprendre en quoi consiste un jeu vidéo. 

Un jeu vidéo, dans sa forme la plus simple, est l’interaction entre un utilisateur, une image, une bande-son, et le code qui rend possible la collaboration entre ces trois facteurs. 

Toute production d’un jeu vidéo doit forcément commencer par le développement de l’idée. Ceci est le travail du game designer. Cette personne réfléchira à l’histoire que le jeu racontera, mais aussi aux personnages du jeu, au genre auquel le jeu appartiendra…. Il fait en somme le travail d’un dramaturge ou d’un scénariste. De ce travail préliminaire dérive le game design document, le script si l’on veut. Le document en question est ensuite transféré aux équipes qui vont réaliser la vision du game designer. On citera entre autres l’équipe artistique, l’équipe de son et celle des ingénieurs informatiques. En fonction de la taille du studio, ces équipes peuvent compter plusieurs personnes, des dizaines, voire des centaines.

L’équipe artistique se mettra donc à la tâche pour donner vie à la vision du game designer, avec la création des niveaux du jeu, de l’environnement dans lequel le joueur évoluera et de tous les autres éléments visuels. Ces éléments peuvent être relativement simples (comme « Super Mario » en 2D) ou extrêmement complexes et recherchés (à l’instar des jeux de dernière génération où les personnages semblent presque « filmés »). S’il vous arrive d’être incrédule face à la vraisemblance des images, sachez que les studios utilisent souvent de vrais acteurs, lesquels sont filmés en motion capture, pour être ensuite transformés en images de synthèse afin de coller au mieux à la gestuelle des vraies personnes humaines. C’est ainsi qu’on retrouve par exemple le controversé Kevin Spacey dans « Call Of Duty: Advanced Warfare », ou encore Ellen Page dans « Beyond Two Souls ».

L’équipe audio, de son côté, produit la bande sonore du jeu. Si le son est un élément incontournable dans une œuvre cinématographique, il est tout aussi important dans un jeu vidéo. Le Seigneur des Anneaux aurait-il connu un tel succès sans la magistrale musique écrite par Howard Shore ? Rien n’est moins sûr ! Dans les jeux vidéo, la bande son a pour rôle de donner l’impression au joueur d’appartenir à l’univers du jeu. Elle se décline donc sous de nombreuses facettes. Chacune de celles-ci, allant du claquement de doigts d’un personnage, en passant par le chant des oiseaux jusqu’à la musique même, doit être soit sélectionnée, soit directement enregistrée. On retrouvera ici aussi des acteurs bien connus. Saviez-vous par exemple que Luke… pardon, Mark Hamill prête sa voix au Joker dans « Arkham Asylum » et « Arkham City » ? Et que dire de la participation de Liam Neeson dans « Fallout 3 » ou encore Martin Sheen dans « Mass Effect 2 » ?

Evidemment, il ne faut pas non plus oublier les développeurs ! Véritable pierre de Rosette entre les ordinateurs et les humains, ce sont eux qui rendent possible la sortie d’un jeu. C’est également de ce côté que certains détails seront peaufinés, comme par exemple le lien entre certains niveaux de jeu et l’univers proposé dans son ensemble.

Toutes ces équipes travaillent simultanément, chapeautées par leurs propres producteurs, compositeurs et développeurs en chef qui forment le lien entre les différentes équipes. Nous n’avons évidemment évoqué que les principaux membres d’une équipe de développement. Il est également possible de citer des personnes plus spécialisées, tels que les historiens qui travaillent comme consultants pour les jeux historiques, ou les experts en automobile qui expliquent aux développeurs quel ressenti doit avoir une voiture particulière dans un jeu de course.

Dernière modification le : 14.04.2020

Ne se font-ils pas tous en Amérique ?

L’emplacement géographique des bureaux de production d’un jeu vidéo est relativement libre. En effet, les grands studios de production sont souvent présents dans plusieurs villes, voire plusieurs pays en même temps… avec des bureaux à Los Angeles si l’on a besoin d’acteurs, mais aussi dans des villes au secteur informatique florissant comme par exemple Montréal ou encore Londres.

Dernière modification le : 14.04.2020

Quel est le prix et le revenu ?

Et la question épineuse dans tout cela ? Quel est le coût de production d’un jeu vidéo ?

Le prix est évidemment variable. Entre un studio avec trois personnes qui travaillent sur un indie game et un studio avec des centaines d’employés qui produisent un triple A[1]il y a forcément un monde de différence en termes de coûts. Il faut cependant savoir que ceux-ci ont connu une hausse vertigineuse au cours de ces vingt dernières années. De nos jours, le budget moyen oscille entre les 18 et 28 millions de dollars. Ceci dit, les géants du métier dépassent régulièrement ce budget : un bon exemple est le développement de « Gran Turismo 5 », qui a coûté pas moins de 60 millions de dollars. Il faut toutefois souligner que le marché global est très lucratif. En 2018, les joueurs ont dépensé pas moins de 137,9 milliards de dollars dans les jeux vidéo. Les revenus du cinéma de la même année n’atteignaient que 136 milliards de dollars, en comptant toutes les formes du septième art, du grand écran aux plateformes VOD.

 


[1] Désigne les jeux dont le budget de développement et de promotion compte parmi les plus élevés du secteur.

Dernière modification le : 14.04.2020

Et le Tax Shelter dans tout cela ?

Tout cela est évidemment très intéressant, mais vous vous demandez peut-être quel est le lien avec le Tax Shelter ?

Le législateur décide en mars 2019 d’étendre le régime du Tax Shelter aux jeux vidéo. En attendant l’acceptation de ce changement de la loi par l’Union Européenne, nous pouvons déjà réfléchir à sa mise en place. Comme nous l’avons vu, un studio s’implante là où il peut profiter  de meilleures conditions de travail. Il n’est pas interdit de s’imaginer que d’ici quelques années un grand nombre de studios puissent choisir la Belgique comme base opérationnelle. Notre petit Etat a en effet déjà tout ce qu’il faut pour que cela devienne une réalité : une économie forte et une grande quantité de personnes formées dans le développement et les arts graphiques. Avec l’arrivée du Tax Shelter pour les jeux vidéo, la situation sera encore plus intéressante pour les studios puisque nous serons le seul pays à disposer d’un tel système. Les bénéfices que le Tax Shelter a pu amener au secteur culturel belge ne sont plus à démontrer. Le système pourra sans nul doute bénéficier de la même façon aux développeurs de jeux vidéo et à toutes les personnes qui envisagent un avenir dans ce métier.

Dernière modification le : 14.04.2020

Newsletter

Outil de calcul