La culture, deuxième secteur le plus touché après l'horeca.
« Tout est à l'arrêt. Plus personne ne crie “action”, les plateaux sont déserts et dans les studios de post-production, on entendrait une mouche voler. Si virus et pandémies de fiction ne manquent pas d’inspirer de nombreux films et séries à frissons, le tristement réel Covid-19 met à quai la production mondiale, de Hollywood à Mumbai en passant par Cinecittà, Londres et Paris. Chez nous, une centaine de tournages seraient interrompus ou retardés, mettant toute une profession en émoi. »
Dans l'article intitulé « Silence, on ne tourne plus! »1 publié dans le supplément Focus du Vif, le journaliste et critique de cinéma Louis Danvers plante le décor.
Le coronavirus n'en est pourtant qu'au tout début ; à peine deux semaines de confinement se sont écoulées en Belgique et le monde découvre avec stupeur qu’un microscopique virus peut mettre toute une économie temporairement à l'arrêt.
1. "Silence, on ne tourne plus!", Le Vif (Focus), 2 avril 2020, Louis Danvers.
Dernière modification le : 01.09.2020
« Salles de cinéma fermées, tournages suspendus ou reportés, films mis en attente ou basculant en VOD, festivals postposés ou annulés, personnel en chômage temporaire, séances scolaires annulées, tax shelter en récession... Le monde du cinéma est également confronté à une situation inédite. Et ça fait mal, très mal à tous les échelons du secteur » analysent Fabienne Bradfer et Gaëlle Moury dans Le Soir dès le 19 mars 20202.
« Avec une baisse des recettes de 74%, la culture est le deuxième secteur le plus impacté en Belgique après l’horeca » peut-on lire le 11 avril 2020 dans le journal économique L'Echo3. L’analyse est fiable. Elle provient de l'Economic Risk Management Group (ERMG), le groupe de travail qui planche actuellement sur l’ampleur des conséquences de cette crise sans précédent pour l’économie et pour le secteur financier et qui est chargé de formuler des recommandations de mesures de soutien au gouvernement.
La crise sanitaire et le confinement qu’elle impose paralysent les activités de production telles que tournages, répétitions mais aussi déplacements des équipes, acheminement du matériel et des techniciens, etc.
Cette situation inédite et totalement imprévisible force le secteur à prendre des décisions brutales liées à sa survie, en attendant que des politiques de relance puissent se mettre en place. C'est le cas notamment de certains théâtres, contraints d'annuler purement et simplement leur saison en raison des incertitudes sur la durée de la crise, et sur l'impact qu'elle aura sur le financement des productions.
2. "Victime du coronavirus, le cinéma bascule en terre inconnue", Le Soir, 19 mars 2020, Fabienne Bradfer et Gaëlle Moury.
3. "On n'arrivera jamais à faire en sorte que cette crise n'ait pas existé", L'Echo, 11 avril 2020, Xavier Flament.
Dernière modification le : 01.09.2020
Une première mesure forte a été prise par la cellule Tax Shelter dès le 13 mars 2020 pour permettre aux producteurs d’allonger de 6 mois la période durant laquelle les dépenses éligibles au Tax Shelter peuvent être effectuées. Cette mesure est en passe d’être confirmée dans le cadre d'un projet de loi du 20 mai 2020 portant diverses mesures fiscales urgentes en raison de la pandémie. Les producteurs devraient bénéficier désormais, pour tous les projets affectés par cette crise, d’une période après signature d'une convention-cadre, de 30 mois pour effectuer les dépenses sur les œuvres audiovisuelles, et de 36 mois pour les projets d’animation et les œuvres scéniques.
Le Tax Shelter représente actuellement environ 30% du financement de la production audiovisuelle et scénique belge; il est absolument vital pour le secteur d'aménager sa réglementation pour franchir le cap.
Dernière modification le : 01.09.2020
La crise sanitaire crée une situation de report des dépenses qui pourrait entraîner des difficultés pour les producteurs à les réaliser dans les délais fixés par la loi, si elle se prolongeait pour une période supérieure à ces 12 mois de “rallonge” alloués par le législateur.
Ceci entraînerait l’invalidité de ces dépenses par rapport au mécanisme du Tax Shelter, et donc la non-obtention des attestations fiscales pour les Conventions-Cadres couvertes par ces dépenses devenues inéligibles.
Fort heureusement, ce mauvais scénario n'est pas à l'ordre du jour chez SCOPE Invest:
« La très grande majorité (88%) de nos productions pour lesquelles nous avons levé des fonds depuis le 1er janvier 2019 sont absolument hors de danger », souligne Olivier Colin, Chief Operating Officer chez SCOPE. « Pour la bonne raison que les dépenses belges sont déjà effectuées ou qu'au minimum le tournage des films est terminé. Les dépenses de fabrication encore à effectuer sur des films en tournage - et qui sont donc à l'arrêt pour le moment - concernent à peine 1,19% du total des dépenses éligibles de la période visée. Cette situation est propre à l'activité de SCOPE Invest. Elle est très importante pour estimer correctement le risque pour les investisseurs du Tax Shelter. »
Dernière modification le : 01.09.2020
Reste à savoir s'il sera possible de lever des fonds auprès des investisseurs au moment où la reprise des activités sera confirmée. Le Tax Shelter repose en effet sur la capacité des entreprises belges à réaliser des bénéfices.
Mis à part dans certains secteurs épargnés par la crise, les perspectives ne semblaient pas réjouissantes pour l'exercice en cours sans une adaptation urgente de la législation.
Des mesures exceptionnelles devraient être confirmées très prochainement. Celles-ci doivent encore être validées lors d’un vote en séance plénière. Ces mesures concernent, outre l’extension du délai pour effectuer les dépenses :
Des mesures concrètes qui permettraient au secteur culturel de respirer un peu plus librement.
Dernière modification le : 01.09.2020